L’église de Doue et le bourg
L’église Saint-Martin de Doue est située sur une butte qui domine le village. De par sa position atypique, on y fait fréquemment référence en tant que « Phare de la Brie ».
Eglise de doueIl n’y a guère de documents relatant la construction de l’église Saint-Martin, ou son histoire avant le 18°siècle. Le plus ancien texte concernant la paroisse de Doue date de 1107; il raconte que Manasses I, évêque de Meaux, a donné la cure aux chanoines de la cathédrale de Meaux; ceci démontre que Doue possédait déjà une église en ce temps.
La christianisation de la région fut très précoce, comme en témoigne l’existence des deux abbayes de Rebais et Jouarre fondées au 7°siècle.
En 1001, un miracle attribué à St Aile :
Le jour de Pâques, des pointes de feu traversèrent le ciel en de nombreux endroits. les témoins de la scène eurent très peur; l’abbé de Rebais et l’abbesse de Jouarre décidèrent de rassembler les paroissiens pour des processions qui devaient se rencontrer dans la paroisse de Doue. Au moment de la rencontre, des éclairs et de la grêle tombèrent du ciel, effrayant la foule présente sur le lieu de la procession. Roger, le préfet de Jouarre, prit la châsse de St Aile et essaya de la soulever jusqu’à ses épaules; mais la châsse était trop lourde et il fut impossible au préfet de la bouger.
Les paroissiens l’interpellèrent, en lui reprochant sa cupidité. Roger se repentît et promît de réparer ses fautes. Alors, il réussit à lever la châsse de St Aile et à la mettre sur ses épaules. La foule cria au miracle et chanta des louanges à St Aile. Depuis, une croix est dressée à l’endroit du miracle, sur le territoire de Doue, à l’orée d’un bosquet en bordure de St Cyr sur Morin.
L’église Saint Martin date du 13°siècle, de style gothique. Elle est composée d’une nef divisée en trois sections, de deux collatéraux à voûtes quadripartites, d’un transept non débordant en voûte quadripartite et d’un choeur à voûte octogonale se terminant en une abside divisée en cinq sections. Deux chapelles non rayonnantes jouxtent l’abside. Le transept, le choeur et l’abside reprennent les acquis gothiques en allégeant les murs par des percements de baies géminées surmontées de roses. Le tout confère à cette église rurale une élégance architecturale inattendue. Cette luminosité voulue par le maître d’oeuvre exprime tout à fait l’évolution de la pensée de l’époque : l’église, maison de Dieu, devait resplendir de la lumière des cieux et s’ouvrir vers le monde extérieur. Les vitraux avaient une double fonction: amener la luminosité et la couleur à l’intérieur de l’église, et relater l’histoire des grands évènements religieux aux paroissiens. La nef sans voûte est plafonnée de bois, ses colonnes sud sont ornementées de chapiteaux historiés; les structures architecturales du 13°siècle se retrouvent dans le collatéral sud, mais sont absentes dans le bas-côté nord, qui a été totalement remanié au 16°siècle.
En se promenant dans l’église, on peut remarquer quelques oeuvres intéressantes comme une sculpture » La Charité de Saint Martin », un tableau du 18°siècle « la messe », célébrée par le patron des lieux et une autre peinture représentant « le miracle de Saint Hubert ». En regardant les colonnes, on peut remarquer que leurs chapiteaux sont pour la plupart historiés ; leur datation reste incertaine du fait de l’absence de document, mais on peut avancer prudemment une époque se situant entre le 13° et 15° siècle; les thèmes sont multiples : celui des deux lions, de l’usurier, du baphomet, de l’ours tenant un blason (probablement celui de la famille Juvenal), des dauphins, ou encore de ce personnage féminin mystérieux scrutant l’horizon. Dans une des baies géminées du choeur, subsiste l’unique vitrail historié datant du 16°siècle et qui traite de la Passion du Christ.
A l’extérieur de l’église, on ne manquera pas d’admirer la beauté du paysage qui s’étale en contrebas de l’église. Le clocher occidental a été reconstruit au 19°siècle après le passage d’un orage; il ne présente pas d’intérêt architectural.
L’église et son implantation actuelle, isolée au sommet de la butte n’implique pas l’absence antérieure d’habitations à ses abords, différentes études prouveraient même le contraire. Différentes campagnes de fouilles archéologiques ont permis de révéler la sédentarisation de peuplades néolithiques par la découverte de silex polis en forme de couteau ou de hache. D’autres recherches ont mis en évidence une occupation gallo-romaine grâce aux vestiges d’habitations, de bijoux ou autres objets utilitaires. Réthoré note l’existence d’un puits de 130 m de profondeur devant l’église et avance l’hypothèse d’une implantation primitive de la seigneurie et d’habitations au sommet de la butte.
Cependant, la proximité de l’église attirant les tempêtes et notamment la foudre a peut-être été une des causes du déménagement de la population vers des lieux plus tranquilles, en contrebas de la butte. A compter du 19°siècle, des rapports successifs relatent les dégâts dus aux intempéries, en particulier la flèche qui fut touchée quatre fois (1809, 1827, 1868, 1927); on peut donc supposer que ce fut également le cas durant les siècles précédents, ce qui expliquerait l’abandon des habitats sur la butte.
Eglise de Doue
Le bourg s’est donc petit à petit formé autour de la butte, se concentrant dans sa partie Sud-ouest, le château et les hameaux au Nord-est.
En 2010/2011, un programme de restauration a été engagé dans l’église. Les travaux ont consisté, à l’extérieur, en la réfection du soubassement du transept et des contreforts des bas-côtés sud et nord de l’église, et à l’intérieur, par l’injection de produits stoppant les remontées d’humidité dans les murs du collatéral nord, du transept et de la chapelle attenante. La totalité du sol de la nef, des collatéraux et du transept, fut refaite avec la création d’une allée centrale dallée vers le porche et sa continuité à l’extérieur par une rampe d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. En menuiserie-ébénisterie, les portes du bas-côté sud et du porche central furent restaurées.
Ce programme de travaux est le plus important réalisé dans l’église depuis des décennies.